Envolée dans le Bluesky
Êtes-vous encore sur X (anciennement Twitter?) - Si oui, laissez nous vous convaincre que le gazon est plus vert ailleurs (ou le ciel, plus bleu!) une fois pour toute!
Un monde sans Césars?
Lors du Meta Connect 2024, Mark Zuckerberg avait suscité la controverse en arborant un t-shirt proclamant Aut Zuck aut nihil ("Zuck ou rien" en latin). Yikes!
En réponse, lors de son intervention à SXSW 2025, Jay Graber, la CEO de Bluesky a tout récemment repris le même design mais l’a détourné avec un message opposé : Mundus sine Caesaribus ("Un monde sans Césars"). Le message est clair : les plateformes open source décentralisées, comme celle qu’elle dirige, aspirent à donner la priorité au contrôle des utilisateurs sur les intérêts des entreprises.
Bref, c’est l’occasion rêvée de dépoussiérer notre épisode sur la plateforme Bluesky - enregistré quelques semaines suivant les élections américaines alors que la plateforme annonçait en grande pompe avoir atteint 23 millions d’utilisateurs (la plateforme a maintenant dépassé le cap des 30 millions d’utilisateurs 🦋).
Que faut-il donc savoir sur Bluesky?
L’auteur, Mike Masnik, propose dans l’article “Protocols, Not Platforms A Technological Approach to Free Speech” essentiellement un retour aux “bons vieux jours” du Web :
L’internet des débuts reposait sur de nombreux protocoles différents—des instructions et des standards que chacun pouvait utiliser pour créer une interface compatible. L’email utilisait le protocole SMTP (Simple Mail Transfer Protocol). Les discussions en ligne se faisaient via IRC (Internet Relay Chat). Usenet servait de système de discussion distribué grâce au protocole NNTP (Network News Transfer Protocol). Le World Wide Web lui-même reposait sur son propre protocole : le HyperText Transfer Protocol, ou HTTP.
Cependant, au cours des dernières décennies, plutôt que de développer de nouveaux protocoles, l’internet s’est structuré autour de plateformes contrôlées et détenues par des entreprises privées. Celles-ci peuvent fonctionner d’une manière qui ressemble aux anciens protocoles, mais elles sont sous le contrôle d’une seule entité. Cette évolution s’explique par plusieurs raisons. Évidemment, une entreprise qui contrôle une plateforme peut en tirer des profits. De plus, une seule entité peut généralement déployer plus rapidement de nouvelles fonctionnalités, des mises à jour, des corrections de bugs et autres améliorations, ce qui peut favoriser l’augmentation du nombre d’utilisateurs.
En réalité, certaines plateformes actuelles exploitent encore des protocoles ouverts existants, mais elles ont érigé des barrières autour d’eux, enfermant les utilisateurs au lieu de se contenter de fournir une simple interface.
Une alternative aux grandes plateformes centralisées comme Facebook et Twitter est donc de promouvoir des protocoles ouverts, qui permettent à diverses applications d'interagir sur une base commune, tout comme le fait le courrier électronique.
Cette approche, illustrée aujourd’hui par des initiatives comme Bluesky en théorie (ou Mastodon), vise à redistribuer le contrôle sur les discours en ligne, en permettant à chaque application de définir ses propres règles de modération tout en restant interconnectée.
Ce modèle favoriserait la diversité, réduirait la centralisation du pouvoir et offrirait plus de liberté d’innovation, mais il pose des défis en matière de financement, d’adoption et de gestion des abus potentiels.
En bref :
Moins de centralisation : Aucun acteur unique ne contrôle le flux d'informations.
Plus de diversité : Différentes communautés pourraient établir leurs propres normes pour modérer et organiser le contenu.
Liberté d'innovation : Les développeurs pourraient créer des outils spécifiques (ex. : anti-désinformation, filtrage de contenu personnalisé).
En dehors de l’aspect plus technique, il faut savoir que sur Bluesky, tout est public et que le contenu est présenté, par défaut, en ordre chronologique (donc sans algorithme).
Est-ce que Bluesky est décentralisé, pour de vrai de vrai?
Tout d’abord, qu’est ce que la décentralisation?
La décentralisation résulte d’un système qui répartit le pouvoir à travers sa structure, de sorte qu’aucun nœud ne détient une autorité centrale.
Puis, la fédération :
La « Fédération », telle qu’elle est utilisée comme terme technique depuis l’émergence du « Fediverse », est une approche technique de l’architecture de communication qui permet la décentralisation grâce à la coopération et à la communication de nombreux nœuds indépendants pour former un tout unifié, sans qu’aucun nœud ne détienne plus de pouvoir que la responsabilité ou la communication de ses parties.
Donc, pour de vrai de vrai? Non, pas selon la définition la plus “pure” du terme. Par contre, c’est une option facile d’utilisation pour le commun des mortels et qui est “close-enough” du moins, de façon aspirationnelle - surtout si l’objectif est de bouger rapidement assez de gens en dehors d’un écosystème comme celui de X (anciennement Twitter).
Est-ce qu'il s'agit d'une chambre d'écho?
L’une des critiques constantes provenant des plus grands détracteurs de Bluesky est la fameuse “chambre d’écho”.
Sachant qu’Elon Musk avait été accusé de manipuler l’algorithme sur X afin que ses tweets soient mis de l’avant et tout le problème autour de la curation algorithmique sur Facebook ou le choix de Meta d’avoir multiplié par cinq fois la propagation du contenu “colérique” sur Facebook versus du contenu plus neutre émotionnellement - il y a à ce demander donc si la critique des détracteurs visent réellement la création d’une chambre d’écho hypothétique “à gauche”… ou si l’inquiétude est plutôt en lien avec la nouvelle popularité d’une plateforme sur laquelle certains discours plus haineux n’ont pas leur place de par les politiques de modération en place.
De façon plus éloquente :
S’échapper de la Broligarchie (ou comment ne pas donner des dollars à des gens dont on ne supporte pas l’idéologie).
Aviez-vous été surpris de voir certains leaders de la tech présents lors de l’inauguration du nouveau président des États-Unis? Au premier rang, rien de moins!
Au final, quitter Bluesky, ce n’est pas juste une question de suivre la dernière tendance techno - c’est également un geste de contestation contre la broligarchie.
Bref, s’il vous prend des envies de protester ce qui se passe en ce moment au niveau politique, mais ne savez pas trop par ou commencé, choisir des alternatives aux géants du Web est une option relativement simple et qui ne coûte rien!
Après tout, on vote aussi avec nos dollars (et nos clics, nos données privées ou notre attention sur ces plateformes qui les monétisent par la suite).
Si vous êtes également curieux d’en savoir plus sur les politiques que supportent les compagnies que vous encouragés dans votre quotidien, vous pouvez consulter des outils comme opensecrets.org.
Alors, convaincus? À bientôt sur Bluesky!
Suivez-vous sur Bluesky:
Quelques liens en vrac:
Protocols, not platforms: A Technological Approach to Free Speech
L'article de blog mentionné sur la décentralisation vs celle du Fedivers
Une description du protocole AT un peu plus technique
L'application Clearsky, un bon outil d'OSINT.
Un article de blogue sur la fabrication d'un flux ("feed") personnalisé
Les listes de "mute" pour les nuls